Deuxième livre de l'univers de Papa Maman Fiston.
Paru chez Actes Sud BD le 27 janvier 2021.
Extrait dans la revue Nicole n°8 des éditions Cornélius (été 2019).
Paru chez Actes Sud BD le 27 janvier 2021.
Extrait dans la revue Nicole n°8 des éditions Cornélius (été 2019).
Résumé :
Le personnage de Maman avait à couver son petit teigneux de fils dans Papa Maman Fiston ; mais maintenant Fiston est devenu grand, il a une amoureuse, et Maman a donc les mains libres.
Cela tombe très bien, car, justement, Maman tombe amoureuse de tous les enfants.
Pourquoi se contenter d’un enfant, quand on peut en avoir cent cinquante ?
Elle n’aime que les enfants, Maman, et ne veut être que de leur monde et d’aucun autre.
Aimer certains enfants, ne la fera jamais moins aimer d’autres enfants ; elle a des réserves infinies d’amour.
Et justement ils l’accueillent, les enfants croisés dans les fermes, dans les bosquets, et dans les bourgs ; soit qu’ils soient abandonnés, ou délaissés, soit qu’ils la préfèrent à leurs autres parents, toujours un peu moins rigolos que celle-là.
Et c’est vrai que Maman est assez Enfant, quoi que dans un corps de grande, et même de très grande.
Tous ensemble, malgré la neige, le froid, la faim, ils s’en vont sur les chemins ; guidés par Maman que guide son amour pour toujours plus d’enfants.
Dans la nuit, elle leur fait de beaux spectacles, elle les divertit bien.
Puis ils dorment, heureux, vautrés les uns sur les autres.
Si seulement les enfants pouvaient ne pas grandir !
Mais, un matin…
Cela tombe très bien, car, justement, Maman tombe amoureuse de tous les enfants.
Pourquoi se contenter d’un enfant, quand on peut en avoir cent cinquante ?
Elle n’aime que les enfants, Maman, et ne veut être que de leur monde et d’aucun autre.
Aimer certains enfants, ne la fera jamais moins aimer d’autres enfants ; elle a des réserves infinies d’amour.
Et justement ils l’accueillent, les enfants croisés dans les fermes, dans les bosquets, et dans les bourgs ; soit qu’ils soient abandonnés, ou délaissés, soit qu’ils la préfèrent à leurs autres parents, toujours un peu moins rigolos que celle-là.
Et c’est vrai que Maman est assez Enfant, quoi que dans un corps de grande, et même de très grande.
Tous ensemble, malgré la neige, le froid, la faim, ils s’en vont sur les chemins ; guidés par Maman que guide son amour pour toujours plus d’enfants.
Dans la nuit, elle leur fait de beaux spectacles, elle les divertit bien.
Puis ils dorment, heureux, vautrés les uns sur les autres.
Si seulement les enfants pouvaient ne pas grandir !
Mais, un matin…
« À présent que ces personnages existent, pourquoi ne continueraient-ils pas à vivre ? »
C’est ainsi une tout autre optique que celle du premier tome qui a prévalu ici.
C’est ainsi une tout autre optique que celle du premier tome qui a prévalu ici.
L’idée du premier récit m’est venue d’abord, mais sans être reliée à l’univers de Papa Maman Fiston. Je pensais simplement qu’une femme à la sensibilité « surnaturellement » vive, qui deviendrait mère dans notre monde et prendrait conscience que des millions d’autres enfants existent, pourrait avoir envie de « les aimer tous » plutôt que les siens seulement. Je ne savais que faire de cette idée, jusqu’à ce qu’imagine que cette femme pourrait être Maman ; alors tout se mit aisément en place.
Il me parut que c’était là pour une fois de ma part une « véritable » histoire, pour laquelle un cadre narratif classique conviendrait bien, avec cases nombreuses permettant un développement détaillé ; et, sachant cette fois où j’allais, je mis de côté le « système » de montage sur improvisation mis au point durant le premier tome. J’ai travaillé sur les bribes d’une continuité dialoguée, avec classique crayonné suivi d’encrage. La moitié des planches fut réalisée dans l’appartement d’un ami qui avait l’habitude de nous laisser ses clés durant l’été ; elles profitèrent ainsi de ces bonnes conditions. J’en profite pour les lui dédier avec vœux de rétablissement.
Il me parut que c’était là pour une fois de ma part une « véritable » histoire, pour laquelle un cadre narratif classique conviendrait bien, avec cases nombreuses permettant un développement détaillé ; et, sachant cette fois où j’allais, je mis de côté le « système » de montage sur improvisation mis au point durant le premier tome. J’ai travaillé sur les bribes d’une continuité dialoguée, avec classique crayonné suivi d’encrage. La moitié des planches fut réalisée dans l’appartement d’un ami qui avait l’habitude de nous laisser ses clés durant l’été ; elles profitèrent ainsi de ces bonnes conditions. J’en profite pour les lui dédier avec vœux de rétablissement.
L’histoire de Biquette devenue castor est née après lecture des émouvants livres de Grey Owl : Un homme et des bêtes, et Ambassadeur des bêtes, que la réputation équivoque de leur auteur (qui mentit sur ses origines et se fit passer pour un des Amérindiens qu’il admirait) ne doit pas empêcher de lire. Les histoires de ses deux castors adoptifs, Jelly et Rawhide, firent mon bonheur et celui de ma compagne à qui je les racontais à mesure. Il me paraissait évident dès Papa Maman Fiston que Biquette était animal en général avant d’être chèvre en particulier ; elle pouvait donc bien être ici un peu castor, et le devint tout naturellement.
Je lis périodiquement des revues traitant de cosmologie (je crois y réapprendre à peu près toujours les mêmes choses, mais j’ai la mémoire courte et puis donc être à chaque fois de nouveau émerveillé). J’ai même lu de la science-fiction, et ai apprécié d’en lire, quoique pensant que j’y serais réfractaire. Cela dit, en lire n’est peut-être que la fuite ultime, ressemblante un peu à celle de Fiston dans l’histoire Toto dans l’espace.
L’utilisation particulière des gris dans cette histoire, à base d’eau faisant « tout le travail » du dessin, est en rapport avec ma réticence pour la trame dessinée (réticence non de principe, mais acquise à force d’en faire). Non pas que je ne l’aime jamais dans les dessins des autres ; mais je trouve difficile à admettre qu’elle soit si longue à mettre en place, et que son effet ne se fasse sentir qu’à la fin d’un tel travail d’exécution, ce qui en fait une sorte de « long piège » émotionnel tendu par l’auteur à l’attention de ses lecteurs. Me paraissent toujours préférables les manières permettant une sorte de communauté d’émotion entre l’auteur et ses lecteurs ; même s’il ne s’agit, comme ici, que d’une petite partie d’un travail (le dessin, et même seulement : les décors), au sein d’un récit pouvant avoir des objectifs définis d’avance (... ou tout au moins, pressentis d’avance).
L’utilisation particulière des gris dans cette histoire, à base d’eau faisant « tout le travail » du dessin, est en rapport avec ma réticence pour la trame dessinée (réticence non de principe, mais acquise à force d’en faire). Non pas que je ne l’aime jamais dans les dessins des autres ; mais je trouve difficile à admettre qu’elle soit si longue à mettre en place, et que son effet ne se fasse sentir qu’à la fin d’un tel travail d’exécution, ce qui en fait une sorte de « long piège » émotionnel tendu par l’auteur à l’attention de ses lecteurs. Me paraissent toujours préférables les manières permettant une sorte de communauté d’émotion entre l’auteur et ses lecteurs ; même s’il ne s’agit, comme ici, que d’une petite partie d’un travail (le dessin, et même seulement : les décors), au sein d’un récit pouvant avoir des objectifs définis d’avance (... ou tout au moins, pressentis d’avance).
L’histoire du Loucheur est inspirée d’un poème écrit quelques temps avant ces planches. Puis il me parut que le-dit poème pourrait figurer dans le livre ; ainsi que d’autres, au gré des correspondances, puisqu’il y en a. Vous en lirez donc quelques-uns. J’espère qu’ils vous plairont.
Un paragraphe de L’homme-jasmin d’Unica Zürn, inspira la scène de folie familiale durant la promenade au village. Lisant le passage, je croyais voir mes personnages, comme je crus les voir en lisant d’autres romans à cette période. Ceci me rappela aussi la famille du Petit Cirque de Fred, dont en quelque sorte j’avais voulu donner ma version au commencement de Papa Maman Fiston. Je l’avais oublié, mais sans doute cela se voyait.
Autre idée en l’air dont je ne savais que faire : dessiner des planches qui se passeraient entièrement sur une scène de théâtre. Cela me paraissait pouvoir être magique. (Il suffit de relire quelques planches de Krazy Kat pour retrouver cette envie.) Par ailleurs je voulais donner la vedette à la petite Bébée, au cours d’une aventure pas trop dangereuse pour elle ; et finalement les deux idées collèrent ensemble. (Il est amusant pour moi de constater que toutes les idées qui me viennent finissent par trouver naturellement leur place dans l’univers très malléable de Papa Maman Fiston ; mais, au fond, pourquoi ne la trouveraient-elles pas ? Je n’ai guère d’idées préconçues concernant cet univers, sinon qu’il doit avoir partie liée à l’enthousiasme.)
La « rechute » de Papa, crise d’apoplexie dans la cheminée dans l’histoire du Feu sacré, est un décalque d’un accident arrivé à Stendhal, je crois dans une auberge, quelques temps avant sa mort. Mais peut-être le feu était-il éteint ?...
Je suis quelquefois gêné après coup par la récurrence dans mes histoires de considérations de type spirituel (fussent-elles très enfouies sous l’humour ou l’absurdité apparente des situations, résultant de transpositions symboliques à répétition) ; mais, sur le moment, cela me semble un « ingrédient » nécessaire. Je n’ai plus très souvent la force de savoir ce que je pense exactement à ce sujet, mais dessiner me fait retrouver une énergie qui me ramène apparemment à ce terrain et aux idées assez précises que j’en avais conçues il y a quelques années.
… Et cela continue pour un futur troisième volume, cette fois en couleur, à l’aquarelle, afin que l’aventure ne soit pas que pour les personnages, mais aussi pour moi, et, j’espère, aussi pour vous. La couleur est une chose que je maîtrise fort mal ; et c’est pourquoi il m’a semblé que je pouvais creuser par là. Tout le sel consiste idéalement à continuer de creuser, sans pour autant finir par maîtriser : c’est-à-dire à continuer de laisser de la place pour les formes de grâce que sont la fraîcheur, la surprise, l’émotion non guidée ; autant qu’il est possible. Je crois après tout préférer les œuvres qui comportent des plages de ce genre, serait-ce au milieu de beaucoup d’imperfections, à d’autres mieux cadenassées mais qui en comporteraient moins.
1er septembre 2019
1er septembre 2019
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Le livre :
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Aperçu de quelques dessins originaux :
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