Gosse et les berges

Gosse et les berges
Paru le 3 février 2023
128 pages couleurs, 19 euros
Dupuis, nouvelle collection Les Ondines

Fait partie de la sélection livres jeunesse 2023 du festival Gribouillis

Échos : bdgest, bodoï, telerama, Sadoul, un forum. Merci aux enthousiastes

 

Gosse est le nom du gosse. 

Son pote en bas du tonneau c'est Taigne l'ardéchois ; le chien, c'est Floude.

Les vagues sont celles du Rhône.

On suivra tous ces personnages le temps de sept histoires. Il y aura des traversées de fleuves à la nage, des ateliers de bricolage dans la niche du chien, des inondations et de la glace épaisse comme ça, des explorations de grotte où boire du café pour ceux qui en boivent, même une Biquette chouravée. 

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Le plus simple pour parler de Gosse et les berges, est sûrement d'évoquer une sorte de "Tom Sawyer à la française", situé dans ma région natale, entre Drôme et Ardèche, le Rhône remplaçant le Mississipi. J'avais aussi souvenir des aventures d'Hypocrite entre Arles et Avignon, qui devenaient des lieux magiques dans une bande dessinée que je lus un jour dans le garage de mon père. J'adorais ce livre. 

C'est la première fois que je dessine un récit aussi ancré dans un lieu réel. C'est très agréable à faire. Une de mes idées était de faire des aventures de Gosse une sorte d'enfance imaginaire de mon père et de mes oncles et tantes, dans la maison qui fut la leur, mais cent ans avant leur naissance.

Le bois au dessus de leur maison, dans lequel était une cabane que mon père me montra vingt ans peut-être après qu'ils la construisirent (il restait encore au mur des lambeaux de posters de Johnny Halliday), existe ; comme dans le livre, on le désignait sous le nom de Chabailloux ; je ne sais pas bien sûr si ce nom est authentique ni s'il s'ortographie ainsi. 

D'autres détails aussi sont vrais ; la passion de Gosse pour la mécanique est à peu près conforme à celle de mes oncles et de mon père ; quant à moi qui n'aime pas les voitures, et qui trouve que, si même elles ne polluaient pas, leur laideur et leur boucan auraient aurait dû suffire pour empêcher leur production, j'ai cependant voulu m'intéresser à ceux qui s'y intéressent. Il me semble qu'il y a dans l'intérêt qu'on porte à n'importe quoi quelque chose de beau, et d'indépendant de l'objet de cet intérêt.  

Floude est un petit peu Bergamotte, ma chienne d'enfance qu'épargna la Rn7, au contraire d'autres de nos chiens et chats. Je n'ai pas habité dans une ferme, mais au bord d'un parking routier. Cela ne m'a pas empêché d'être un peu Gosse à ma manière, quoi qu'un peu plus en imagination que mon père ne le fut peut-être (?). 

Adolescent, j'habitais une des rives du Rhône, allais au lycée sur l'autre, et traversais tous les jours à pieds une passerelle sur laquelle je rêvais. Les trous entre les planches, par lesquelles on apercevait le Rhône grondant, me faisaient moins peur qu'aujourd'hui. Je ne m'étais même jamais rendu compte qu'il y avait du vent dans cette région, avant de la quitter et d'y revenir. C'est pourquoi il n'y a presque pas de vent dans le tome 1 de Gosse, mais rien n'est perdu, le tome 2 est en cours. 

Les cygnons au début de Gosse et les Berges sont un peu ceux dont ma compagne et moi guettions chaque jour l'éclosion durant les promenades autorisées de la période covid, dans leur nid heureusement inaccessible (nous les regardions du haut du pilier d'un pont), jusqu'à ce qu'un jour le nid soit déserté par leur mère qui les couvait et qu'il ne reste plus des oeufs entraperçus auparavant que des débris de coquilles. Par la suite nous les vîmes suivre leur mère sur l'eau, à la file dans leur bel habit gris. 

La naissance de notre fils eut lieu au milieu de l'épisode : Comment j'ai retrouvé mon chapeau. C'était l'hiver dans l'histoire, l'été à la maison. 

J'espère que l'entrain et l'énergie de Gosse sont communicatifs, "positifs" en quelque sorte, non pas au sens où il y aurait mensonge ou occultation d'une autre part de la réalité, mais au sens où Gosse me paraît doué de la capacité de voir ce qu'il y a de beau et d'enthousiasmant autour de lui, ce qui j'espère vous rappelera des souvenirs et refera de vous des enfants épris d'aventure. C'était à peu près mon cas en dessinant, et c'est à peu près en ce sens que Gosse est un livre pour les enfants.  

Petit entretien pour RCF :